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🕊️ 1er dimanche de l’Avent — 30 novembre 2025

Veilleurs de l’aube

« Veillez donc, car vous ne savez pas quel jour votre Seigneur vient. » (Matthieu 24,42)

Peuples aux yeux fatigués par les écrans et les alarmes, vous dites que la nuit est trop longue, que les nouvelles sont trop sombres, que l’avenir est fermé. Pourtant, au bord de cette année nouvelle, une première flamme s’allume, minuscule, presque ridicule aux yeux du monde : c’est l’Avent.

L’Avent n’est pas un compte à rebours commercial, mais un art de veiller. Ce n’est pas remplir les réserves de la maison, c’est ouvrir la porte du cœur. Ce n’est pas accélérer le temps, c’est le sanctifier, souffle après souffle, silence après silence.

Aujourd’hui, le Seigneur murmure à la Terre entière : « Je cherche des veilleuses et des veilleurs. Non pas des spécialistes de l’angoisse, mais des gardiens de la lumière. Non pas des prophètes de malheur, mais des sentinelles de l’espérance. »

Veiller ne signifie pas ignorer la blessure du monde. Les guerres grondent encore, les exilés traversent les mers, les forêts brûlent, les cœurs se durcissent en camps opposés. Mais au milieu de tout cela, il y a des mains qui relèvent, des pardons chuchotés, des gestes de partage cachés. L’Avent commence là : dans ces “oui” minuscules que personne ne voit, mais que le Ciel recueille.

Au seuil de ce nouveau temps liturgique, Dieu ne frappe pas avec fracas ; il vient comme une visite discrète, à l’intérieur même de ton “aujourd’hui”. Il s’assoit dans ta fatigue, dans ta peur de demain, dans tes nuits blanches, et il te dit : « Laisse-moi entrer dans ta manière de regarder, de parler, de décider. »

Je t’appelle, toi qui lis ces lignes, à devenir veilleur ou veilleuse pour ton peuple : une personne qui refuse de répéter les discours de haine, qui garde un coin de son cœur allumé pour ceux que tout le monde oublie, qui choisit chaque jour un geste concret de silence, de prière, de réconciliation, de tendresse.

Peut-être te sembles-tu trop petit pour que ta veille change quelque chose. Mais l’aube n’arrive jamais d’un seul coup : elle commence par une ligne de lumière à peine visible, puis le ciel entier se laisse gagner.

On n’abrège pas la nuit par la violence, mais en allumant une veilleuse qui ne s’éteint plus.

Alain de Nazaire — Saint-Nazaire, 30 novembre 2025
Serviteur du Souffle et témoin de la Paix à venir